Les élections européennes 2019 en Limousin : enjeux et résultats

J’étais l’invité de France 3 Limousin lors d’un débat de « Dimanche en politique » pour apporter un éclairage sur les enjeux institutionnels et électoraux du scrutin européen. L’occasion de développer quelques thèmes autour de la défiance envers le système représentatif.

Enjeux des européennes en Limousin

Analyse des résultats des élections européennes du 26 mai 2019 en Limousin

Intervention au 19/20 de France 3 Limousin le 27 mai 2019. L’objet de cette intervention était de commenter les résultats des élections européennes du dimanche 26 mai 2019. Les quelques idées évoquées sont développées un plus bas dans cette page. Journaliste : Emmanuel Braud.

En Limousin des fractures qui viennent ?

En Limousin, les élections européennes manifestent toujours des tendances de fond assez évidentes et annonciatrices. La participation y est d’abord toujours plus forte qu’ailleurs en France, souvent 5 points au dessus de la moyenne nationale, encore cette fois en 2019 avec un pic en Haute-Vienne à 57%. Ensuite, la dimension territoriale des votes apparaît très visiblement et parfois dramatiquement, comme si en quelque sorte la population limousine s’adressait à ceux qui ont tenté, depuis des années, de triturer les frontières et les identités de leurs territoires. Le Rassemblement National arrive en effet en tête partout mais avec des écarts variables et donc significatifs : + 6 points sur La République en marche en Creuse … seulement + 0,5 point en Haute-Vienne. La distribution de la colère est donc territoriale, ce que le mouvement des Gilets jaunes avait bien montré tout en laissant en croire que les fractures territoriales n’étaient qu’entre la province et les élites. Que remarque t-on plus généralement ? Dans les villes comme Guéret, Brive, Tulle et Limoges, toutes celles qui exercent donc à leur mesure de petits effets de métropolisation sur les espaces ruraux en restructuration, le parti en tête est, à l’inverse, La République en marche. Mais alors ? Mais alors, les partis qui surnagent en satellite de la LREM font aussi de meilleurs scores ici, en zone urbaine, que partout ailleurs en Limousin : cela est vrai pour tant pour Europe Ecologie (1 point de plus dans ces villes que dans le reste du Limousin) que pour le PS-Place publique (+ 5 points par exemple entre Guéret le reste de la Creuse). Il apparaît alors une sociologie naissante entre des zones urbaines qui survivent et l’ensemble des zones rurales acquises au vote de la droite extrême. Une telle opposition au sein même d’une petite région limousine, qui elle-même n’existe plus identitairement, pose des questions pour les municipales à venir : est-ce que les partis qui ont fusionné des communes, divisé par 2 le nombre de cantons, regroupé des intercommunalités ou fusionné de grandes régions peuvent survivre ici en ne se repliant que sur quelques bastions urbains ?

Laisser un commentaire