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« Á propos des modes de scrutin », L’Echo du centre, vendredi 27 septembre 2013.

Le plaidoyer en faveur de « la proportionnelle » proposé dans l’Echo du jeudi 19 septembre (« La proportionnelle … ou le vol ! ») a la mérite d’être direct : l’auteur nous dit très clairement que tous les modes de scrutin, y compris ceux, réformés ou pas, qui seront appliqués pendant la prochaine année électorale en 2014 sont d’une manière ou d’une autre des outils qui déforment à l’extrême la représentation politique.
L’histoire des modes de scrutin en France nous apprend pourtant que les outils eux-mêmes ne sont pas vraiment la cause de la défiance des électeurs envers leurs représentants. Qu’est-ce qu’un mode de scrutin ? Contrairement à ce que l’on croit souvent, ce n’est pas, et cela n’a jamais été, un moyen que les professionnels de la politique mettaient à disposition des populations pour tenter de mieux les incarner, de mieux les satisfaire. La réalité est bien deçà : tous les épisodes de réforme électorale s’avèrent en fait un moyen pour les hommes (et femmes) politiques de négocier entre eux, et seulement entre eux, leur façon d’occuper le territoire ou de durer dans le temps.

L’outil lui-même est-il alors en cause ? Ce n’est guère évident. Les réformes récentes ou en cours le montrent. Tous les types de modes de scrutin ont été remis en cause : réforme des circonscriptions législatives en 2010 pour le scrutin majoritaire, réforme en cours de la carte cantonale des scrutins au Conseil général toujours pour le scrutin majoritaire ; abaissement du seuil de constitution des listes pour les scrutins proportionnels municipaux concernant plus de 1000 habitants.
Dans le Limousin, comme ailleurs sans doute, il en est ressorti (et il en ressortira) des arbitrages sur les forces politiques ou sociales dominantes ici ou là : la Creuse n’a plus qu’un député (une première en France pour un département), la Corrèze deux seulement et la Haute-Vienne voit son nombre de cantons divisé par deux. Tout cela affecte moins la dimension représentative que la régulation de la compétition, plus souvent propre à chaque camp que véritablement inter-partisane.